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Meurs, monstre, meurs

 

 

 

 

 

 

Le FIFIB 2018 s’est terminé ce dimanche, avec encore une fois une programmation très riche.

Le grand reproche que l’on peut faire à ce festival c’est que malheureusement le cinéphile lambda et curieux n’a hélas pas le don d’ubiquité.

« Meurs Monstre meurs », second long-métrage solo d’Alejandro Fadel, a reçu le prix – mérité – du long-métrage international.  Dans une région inhospitalière de la Cordillère des Anges, on découvre une femme décapitée, l’ensemble est vu en plan large, autour d’une ferme comme écrasée par une montagne menaçante.

On finit par retrouver sa tête dans une porcherie. Un policier local, Cruz, assez frustre, enquête – Víctor Lopez impressionnant, sorte de Michel Constantin argentin avec une voix d’outre-tombe trafiquée.

Il est l’amant de la femme de l’un des principaux suspects, David, aux portes de la folie et qui semble être fasciné par un « monstre ». Le supérieur de Cruz, un capitaine sentencieux et revenu de tout, le couvre dans ses démarches. De mystérieux motards hantent les lieux, et une sorte de frénésie finit par contaminer tout le monde.

On saluera la richesse du cinéma argentin depuis quelques années – à l’instar de « Rojo » également en compétition cette année -.

Le débat fut assez iconoclaste, la productrice étant particulièrement rétive à faire la traduction, on perdait un peu en compréhension, même si si le réalisateur parle un peu  français.

Un spectateur bilingue soulignait d’ailleurs qu’il faisait par exemple un jeu de mots intraduisible en français entre la parole et la bave. Une sorte d’humour à froid assez désarmant et une vraie volonté pour le réalisateur d’écouter les réactions des spectateurs, il était d’ailleurs assis sur les marches pour assister à la première scène choc du film.

Difficile d’évoquer ses explications sous peine de révéler toute la complexité du film, même si au final on se demande si elles éclairent vraiment le film.

Il joue sur les sensations, un climat délétère qui semble contaminer tous les personnages du film, tous très justes de l’amateur au professionnel.

En filmant les lieux de son enfance, il ne se résout pas uniquement à tracer un portrait politique de l’Argentine, il se veut une réflexion sur le mal et au final un reflet exacerbé de notre société actuelle. Il joue sur les peurs primales, dynamitant les codes du cinéma de genre, du film d’horreur au western, pour démontrer le monstre qui peut se retrouver dans chacun de nous.

On restera allusif sur le « monstre » – un tantinet français aussi à la lecture du générique et, comme  qui dirait, sexué ! –

Il privilégie des effets-spéciaux analogiques, contre un numérique actuel glaçant, développe une angoisse sourde et métaphysique. La peur est vraiment au rendez-vous, ses personnages sont consistants, comme reliés au mal qui ne demande qu’à surgir.

Un vrai univers ce qui n’est plus si fréquent, comme si Bruno Dumont rencontrait David Cronenberg, le film est prenant et désorientant de bout en bout.

L’homme qui a surpris tout le monde

Nouvelle édition du « Festival du film indépendant », à Bordeaux, 7ème édition déjà. L’occasion de retrouver des univers exigeants, et un regard lucide sur notre monde. Commençons par le film russe « L’homme qui a surpris tout le monde », accompagné d’une petite présentation filmée du duo de cinéastes Natasha Merkulova et Aleksey Chupov, qui font même l’effort de parler un peu en français. Un garde forestier vivant en Sibérie, père de famille, a une femme aimante enceinte de son deuxième enfant, et un beau-père bougon. La petite famille vit dans une ferme rustique. Un maire local défend mollement ses administrés, baratinant pour sa réélection, les problèmes de courant sont nombreux et les hivers sont rigoureux. Le héros du film, bien intégré, manque de perdre la vie face à deux braconniers, qu’il tue en légitime défense. Il apprend ensuite qu’il ne lui reste que deux mois à vivre, son cancer étant en stade terminal. Soucieux de régler l’avenir de sa famille après sa mort, il finit par adopter une attitude qui surprendra aussi bien ses proches que les villageois. Comme dit Léo Soesanto, accompagné de l’une des distributrices du film, la difficulté est de ne pas « divulgacher » le film comme disent les québécois. Avec un début naturaliste, et un côté « caméra à l’épaule », le film finit par trouver son rythme quand le personnage principal adopte un comportement totalement inattendu. Son interprète Evgeniy Tsyganov, est marquant dans une interprétation très sobre, en homme mutique, qui répond toujours à ce qu’on attend de lui mais finit par explorer des aspects cachés de sa personnalité, tant il doit faire face à une société patriarcale rude et impitoyable. La critique de la Russie est acerbe, si le système médical semble prendre en charge une « fin de vie » sans frais médicaux à avancer, la société reste violente, impitoyable et intolérante, les villageois après une période de sidération, montrent le vrai visage d’une société résignée et réfugiée dans le repli sur soi, le cocon familial n’étant plus forcément un refuge. Le film montre bien l’isolement et l’opprobre qui peuvent atteindre ceux qui sont réfractaires ou critiques. Dans le rôle de l’épouse, Natalya Kudryashova, prix d’interprétation au festival de Venise, est lumineuse en femme enceinte trop aimante. Le film dérange par son acuité, tout en flirtant avec le fantastique, à l’instar de jars sous la neige ou les incantations d’une rebouteuse folklorique. La lumière soviétique, si caractéristique, donne une étrangeté à ce conte réaliste, et finalement salutaire et critique, sur la difficulté de s’affranchir de carcans et d’œillères imbéciles. Un film qui a bien entendu une résonnance toute particulière en ce moment, et tombe à point nommé.

Olli Mäki

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La vie de certains films se rapprochant de celle d’un feu follet, on aura beau jeu de courir vers les premières séances, pour trouver à satisfaire sa curiosité, tant le système de distribution est sans pitié. Il ne reste qu’à attendre un DVD, la VOD ou une éventuelle diffusion câblée, avec un sentiment de frustration quand on ne peut même pas participer marginalement à contribuer à un bouche à oreilles éventuel. Ce grand Prix d’Un certain regard, à Cannes, mérite que l’on s’y intéresse. Été 1962 à Helsinki, Olli Mäki – attachant Jarkko Lahti -, un boulanger boxeur doué, se partageant entre une solidité simple et une fragilité contemplative, doit prétendre au titre de champion du monde poids plume de boxe, à condition qu’il perde quelques kilos. Il est pris en charge par un manager sans scrupules – Eero Milonoff, probant -, influencé par son vécu aux États-Unis, pour accéder au statut de star nationale. Il rencontre, lors d’un mariage, Raija, une jolie institutrice, et il devra concilier son amour naissant, un entraînement intensif, et se soumettre aux jeux des médias, se prêtant à quelques mises en scène, avec en prime une équipe de tournage documentaire à ses basques.

Le film est très drôle avec cet humour à froid de son réalisateur, Juho Kuosmanen (difficile de ne pas penser à l’univers d’Aki Kauris[Mäki], mais un cinéaste à suivre assurément avec son style propre). Le charme des années 60 et une certaine insouciance sont retrouvés. À l’instar du distinguo « poids plume » et « poids coq » évoqué lors d’un mariage à l’église, la boxe est un sport très cinématographique, dont on ne compte plus les classiques. « Olli Mäki » est rafraîchissant, dénonçant quelques travers naissants, de l’exploitation du noble art à des fins peu louables. Le portrait de ce boxeur est très revigorant, pour ce personnage, existant, qui garde son âme d’enfant (belle scène quand il trouve un cerf-volant dans les bois) -, et se surprend à découvrir ses failles. Son corps se refusant à se retrouver dans des nouvelles règles du jeu, nuisant à sa volonté de vaincre. Un film donc réjouissant à la beauté formelle, avec son noir et blanc qui permet d’éviter les travers de la restitution, en stylisant l’ensemble, style que l’on peut retrouver dans plusieurs films contemporains. On recommandera cet univers poétique et sa belle mentalité, dans notre joyeux petit monde actuel.

Chouf

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Avant-première à l’UGC ciné-cité Bordeaux en présence de Karim Dridi, le 30 septembre dernier, Présenté comme le troisième volet d’une trilogie marseillaise après « Bye-Bye », sorti en 1995 et « Khamsa », sorti en 2008, « Chouf » marque un retour en force de Karim Dridi. Sofiane -Sofian Khammes, très convainquant- la vingtaine est étudiant à Lyon et se retrouve chez ses parents à Marseille. L’aîné, lui, est un caïd local, habitant toujours avec sa famille et la soutenant financièrement, même si sa mère rechigne à recevoir de l’argent de lui, de même que son père – Slimane Dazy – qui lui reproche ses « zig-zags ». « Chouf », venant de « regarde » en arabe, est le nom des guetteurs dans les opérations de drogue, très bien rémunérés, et le film nous fait découvrir cet univers. Si Sofiane a un parcours tout tracé, le destin en décide autrement. Il se retrouve pris dans une spirale infernale de violence, alors qu’il pouvait sortir d’un certain déterminisme, mais que faire pour lui quand « la marche arrière est cassée ». Karim Dridi, avec une grande force, nous montre la cité phocéenne, d’une manière assez inusitée dans le cinéma français, sans manichéisme, jouant avec l’inventivité du langage de ces jeunes délinquants, un argot « tranquille » marseillais très inventif, dans une société qui ne présente que peu d’espoirs, où même certains policiers sont corrompus. Entre western et tragédie grecque, le film est remarquable dans la tension, il transcende le côté documentaire de jeunes voyous adeptes de kalachnikovs, sans porter de jugements sur ses personnages. C’était passionnant, lors de l’avant-première, de voir ce réalisateur très en verve défendre son film, se réjouissant de voir des spectateurs venant de tous milieux se retrouver à la vision de son film. Les questions portaient plus sur le social que sur le cinéma, mais le débat fut intéressant, « Chouf » portant bien son titre nous fait regarder notre société autrement, un constat implacable mais pas totalement désespéré, Le film, bien qu’aidé par Rachid Bouchareb, fut difficile à financer, Karim Dridi, s’étant installé à Marseille avec se famille, pour mieux s’ancrer dans sa réalité, a vu son tournage repoussé plusieurs fois. Ironie du sort, « Khamsa » est très populaire là-bas via You tube, ce qui a permis une meilleure acceptation de tournage dans des quartiers sensibles. Il en a profité pour travailler avec ses jeunes interprètes en faisant des ateliers. Ils sont tous remarquables de présence, – Foued Nabba, Oussama Abdul Aal, Zine Darar, Tony Fourmann – ce dernier déjà présent dans « Khamsa »… Bien que jeunes, les personnages sont bien campés et dignes de figurer dans un western. On retrouvera aussi le fidèle Simon Abkarian en parrain libanais, très impressionnant, Slimane Dazi, toujours d’une belle humanité ou Christian Mazzuchini, à suivre après son personnage de chauffeur de taxi dans « Marseille » en flic pourri, pour les plus confirmés. Le film très rythmé, allie parfaitement le constat social et le thriller efficace, un regard que l’on aimerait trouver plus souvent dans le cinéma français, nous confortant sur le renouvellement constant de son réalisateur.

Le stagiaire des Césars

Césars 2016 - 1 -

 

 

 

La nuit des Césars 2016 : Si lors de l’hommage aux disparus, on a parfois connaissance de quelques décès oubliés (Alexis Nitzer, Claudine Collas…), il est difficile de reconnaître Guy Piérauld sur la photo légendée… Elle est visiblement empruntée à « PurePeople » et inversée ! Gaffe ? Oui car c’est Francis Joffo ! de l’art de faire des recherches sur google image… Après le stagiaire de BFM, le stagiaire des Césars ?

 

 

Gaz de France

Philippe LaudenbachPhilippe Laudenbach dans « Gaz de France »

Le FIFIB est un festival de films indépendants, se déroulant cette année du 8 au 14 octobre à Bordeaux, l’occasion d’avoir des nouvelles des « films du milieu », chers à Pascale Ferran, et de constater parfois sa bonne santé malgré les contraintes diverses, comme l’an dernier pour le cinéma français : « Bébé tigre », « Mercuriales » et « Vincent n’a pas d’écailles ». J’y reviendrai pour d’autres films, j’aime à commencer par le film vu le plus iconoclaste, présenté le 11 octobre dans le cadre de la « FIFIB création ».

« Gaz de France » fut présenté à l’Utopia, par son réalisateur Benoît Forgeard et Bertrand Burgalat, musicien du film pour l’occasion. Dans un avenir proche, Jean-Michel Gambier, un Président de la République, curieusement élu (son gimmick étant de présenter la crise en chantant) bat des records d’impopularité (toute ressemblance…). Il est régulièrement sujet aux moqueries, aidé par son sobriquet Bird, ce qui facilite les railleries de ses détracteurs qui se régalent de noms d’oiseaux. Il est campé par Philippe Katherine, et on se surprend à jouer le jeu de croire à la situation, vu le décalage perpétuel de son personnage, même si ça grince parfois (pour l’avoir écouté cet été sur France Inter). Lors d’une émission télévisuelle animée par Camille Japy, où il est confronté à un public de « vrais gens », il commet la bourde d’interroger une personne non-désignée et non préparée et n’arrive qu’à lui signifier une impuissance chantée.

Michel Battement, sorte de Jacques Pilhan moderne, conseiller occulte, doit préparer une allocution de la dernière chance le lendemain soir à l’Élysée. Olivier Rabourdin joue ce personnage et il y est excellent. Suffisant et péremptoire, il jouit régulièrement d’une autorité blessante. Il décide de recevoir un panel de Français moyens pour mieux répondre aux attentes, et se retrouve face à des individus atypiques, choisis par un « pubard » branché – excellent Antoine Gouy, mûr pour les premiers rôles, citons récemment son personnage dans « A love you » -. La rencontre occulte se produit dans les sous-sols de l’Élysée qui réservent bien des surprises.

Benoît Forgeard a déjà une œuvre conséquente dans le court-métrage, que je ne connais pas, et c’est bien dommage, car pour son premier vrai long, il est incontestable que son univers est déjà très prometteur. Il est très à l’aise avec la satire et se revendique sous l’influence d’un certain cinéma des années 60/70, tel les films d’Alain Jessua. C’est donc un véritable « Jeu de massacre », très mordant contre le storytelling et le décalage entre les politiques et leurs administrés. On retrouve dans sa présentation son humour proverbial, comme par exemple, sur le choix du titre de son film: puisque cette compagnie a pris « La dolce vita » comme titre pour l’une de ses campagnes, il a choisi « Gaz de France » .

Tous les interprètes sont excellents. Ainsi Philippe Laudenbach trouve son rôle le plus probant depuis « Maléfiques » en écrivain vieille France et fleur bleue, Alka Balbir en conseillère arriviste, Darius en professeur allumé, et même Forgeard lui-même avec une présence mutique suspecte. Par la forme, le tournage étant fait sur fond vert, les décors étant rajoutés ensuite, il apporte une stylisation onirique réussie – on pense aux trucages d’un Jean-Christophe Averty – qui manque de faire basculer le film vers le fantastique. La farce est probante, décrivant une France comme un gruyère – les ressources du sous-sol étant vendues depuis longtemps -. C’est grinçant, salutaire et assurément un univers que l’on aimera retrouver très prochainement. Sortie en janvier 2016, plus d’infos sur le site de l’ACID

Les compagnons de la pomponette

Les compagnons de la pomponette

 

 

 

 

 

 

On voit beaucoup Jean-Pierre Mocky en ce moment dans les médias à l’occasion de la parution de son livre « Je vais encore me faire des amis ». Stéphane Bou parlait très justement de lui dans feu l’excellente émission « Après les travaux le cinéma continue», sur France Inter, co-animée par Jean-Baptiste Thoret. Il y a deux Mocky(s) assez distincts, le Mocky « Granowsky » (son personnage redresseur de torts dans « A mort l’arbitre »), et le Mocky – « Paul Wermus », bon client et provocateur sur les plateaux TV flirtant avec les limites .
Ce dernier est donc de sortie, on voit ainsi le petit jeu de quelques chroniqueurs pathétiques – la palme venant à l’ineffable Manon Ruggieri dans « C à vous » – pour le pousser dans ses provocations histoire de faire le buzz et nous régaler de quelques méchancetés. C’est dommage car ce dernier personnage dessert l’artiste, qui continue même avec une économie de moyens à nous surprendre. Paradoxalement plus Mocky est populaire dans les médias, moins le grand public connait ces films. Même si l’on peut reconnaître à son sujet un désintérêt à diffuser ses films et surtout en Province, trois de ces derniers films sortent en catimini dans sa salle Le Desperado depuis le 17 juin dernier. (« Tu es si jolie ce soir », « Les mystères de la Jonquille » et « Les compagnons de la Pomponette ».
La venue de Mocky au festival surréaliste au Théâtre du Pont Tournant à Bordeaux, le 5 mai dernier, fut l’occasion de le rencontrer et de visionner ces nouveaux compagnons (le titre évoque l’un de ses meilleurs films « Les compagnon de la marguerite ».) On retrouve ainsi le Mocky Granowsky affable et courtois, et toujours aussi passionné. On reste parfois pantois sur ces histoires, on en était resté sur des études de droits et de belles lettres dans son parcours, il a désormais 3 ans d’études de médecine. Il doit également rencontrer le Pape (qu’il surnomme le Père François), suite à ce film, mais on se régale toujours à ses histoires, sa passion et son empathie pour « les monstres », et ses évocations diverses.
La vision d’un film dans ce lieu reste un tantinet limite, tant l’envoi du DVD sur grand écran, ne semble toujours pas être maîtrisé par la technique (après une rencontre mémorable avec Pierre Étaix et son « Yoyo » dans les mêmes dispositions), et il faut affronter l’épreuve des sièges qui nécessitent d’avoir un bon ostéo, mais le film est en avant-première nationale.
Un petit couple charmant de défroqués, après avoir été surpris à forniquer en plein air, Victor et Marie-Ernestine (Arthur Defays, petit-fils de Pierre Richard et Prescillia Andréani), se retrouve à la rue et trouve refuge grâce à la générosité d’un gueulard (Victor Mu) qui travaille dans une boulangerie religieuse. Ils observent dans le voisinage l’attitude libre de deux couples les Mouton (Benoît de Gaulejac et Claire Corlier) et les Renard (Christian Chauvaud et Myriam Degaudez) qui pratiquent l’échangisme sans aucun état d’âme. Les deux jeunes gens, gardant leurs tenues épiscopales, voient ainsi un remède à l’adultère et décident de fonder une association « Les compagnons de la Pomponette », en prenant modèle sur une fleur du voisinage (et non, ce n’est pas une allusion à la fameuse chatte de la femme du boulanger). Apparaît ensuite l’ange gardien surmené Léonard – Mocky lui-même, forcément emplumé et débordé – qui les conforte dans cette mission, encouragée par Dieun que l’ange appelle « Patron ». Un théologien (Jean Abeillé) les encourage, l’échangisme apparaît dans la bible ! Un élan va prendre assez rapidement, les Français moyens étant ravis de céder à cette utopie, ce qui va occasionner la colère d’une adepte intégriste tendance Saint-Nicolas du Chardonnet (Françoise Michaud) aidée d’un cardinal pédophile (excellent Olivier Hémon), d’un policier désabusé (Lionel Laget) maqué à un travesti à la carrure d’un rugbyman – Miguel-Ange Sarmiento –
Côté technique on retrouve aussi les fidèles comme André Ruellan aux dialogues et Vladimir Cosma qui réutilise comme à son habitude des musiques déjà existantes, on passe ainsi le film à se demander où on les a entendues la première fois, ce qui est tout de même un tantinet désinvolte de la part de ce grand musicien même s’il donne à Mocky ses musiques gratuitement. De nombreux permanents du Mocky circus actuels acceptent d’être malmenés, outre Abeillé, Hémon et Chauvaud, on retrouve ainsi Guillaume Delaunay en policier protecteur, Jean-Pierre Clami en animateur de club de bridge particulier, Christophe Bier en peintre sur préservatif, Noël Simsolo et je dois en oublier, plus quelques petits nouveaux truculents, il y a même Patrice Dozier dans le rôle du pape.
Le film est assez réjouissant, sur le mode délirant tel « Le glandeur » ou « Le dossier Totoro », Mocky se révèle toujours comme le dernier des moralistes, l’échangisme étant un remède contre l’adultère ! Un politicien castré part à la recherche de ses testicules, victime d’une punition mockienne pour avoir fauté. Le Mocky circus est presque complet, il arrive à le renouveler et il nous livre une farce sur quelques travers de notre temps, tout en continuant à garder un espoir d’une utopie libertaire. Son œuvre est foisonnante, on a toujours trois ou quatre films, et trois courts de retard même, si on est fan, une constance à saluer, et un œuvre qui mérite d’être souvent revisitée. Ces films méritent d’être vus, à chaque fois on se dit qu’il faudra une grande dose d’indulgence pour les derniers films de Mocky, mais pour ma part je trouve toujours son inventivité et son côté Daumier du cinéma (comparaison souvent faite à son sujet), toujours intacts.

Pour vous tenir informé de l’actualité de Jean-Pierre Mocky il convient de visiter son excellent site officiel.

Le sens de l’humour

Le sens de l'humour

 

 

 

 

Avant-première à l’UGC-Ciné Cité de « Le sens de l’humour », le 18 février dernier, en présence de Marilyne Canto et Antoine Chappey. On attendait légitimement beaucoup de son premier long-métrage, de par ses courts-métrages, et notamment « Fais de beaux rêves », salués par plusieurs prix. Élise – Marilyne Canto donc – est une conférencière de musée qui vit seule avec son fils Léo – épatant et attachant Sam Dajczman -, depuis la mort de son mari. Elle entretien une relation avec Paul – Antoine Chappey, tout en force rentrée -, un bouquiniste, à qui elle ne semble pas vouloir s’attacher. Comme dans son court-métrage, il est question du deuil de son mari, dont l’absence est très subtilement amenée dans une scène où un policier évoque la chambre d’hôtel où il a trouvé la mort. C’est donc une évocation de ces trois personnages essayant de trouver un sens à leur vie, Léo s’interrogeant sur sa judaïté, et observant un de ses camarades plus à l’aise dans la vie, Élise dans le mouvement, pour éviter de se poser trop de questions, et Paul se rapprochant d’eux et trouvant ainsi un équilibre, malgré la franchise déstabilisatrice de sa maîtresse, ne le poussant pas à s’attacher… Elle s’anime dans son travail, voir la belle scène où elle parle d’un tableau de Claude Monet à des enfants, devant son fils qui s’ennuie. Interrogée par une spectatrice, pour elle c’était une évidence et elle compose ce rôle parfois abrupt avec beaucoup de justesse. Ce film épuré, loin d’être misérabiliste, réussit grâce au supplément d’âme apporté par le couple Chappey-Canto, qui l’est dans la vie également. Par petites touches, on est en empathie avec ces personnages, parfois durs, mais construisant malgré tout un couple, le deuil est ainsi évoqué avec justesse, de par la conséquence qu’il peut avoir, y compris pour l’amant qui peine parfois à trouver sa place.  La réalisatrice a très bien planifié son film, et pour créer une complicité avec Sam Dajczman, trouvé dans un casting sauvage, l’a rencontré tout au long d’une année, histoire de le préparer au rôle, et c’est une réussite il est formidable.  Elle filme également sans pathos ses personnages, en mouvement. Avec une liberté et une acuité sensible, sous les dehors abrupts d’Élise, elle laisse deviner une femme meurtrie pour qui l’engagement représente une crainte. Elle filme ses personnages dans un Paris familier et magnifié dans son quotidien, elle a dit avoir effectivement fait ses repérages elle-même. Des moments de vie d’une rare justesse, dans le cinéma français. Antoine Chappey, amusé et discret l’a donc aidée dans son film, comme elle le dit justement c’est un bon acteur, parfois sous-utilisé alors qu’il a une présence assez singulière. Le titre, le sens de l’humour, surtout pour le personnage de Paul, est bien choisi, car il constitue une sorte d’auto-défense, face aux difficultés de la vie. Après beaucoup de belles rencontres comme comédienne – on n’oubliera pas son rôle dans « Le lait de la tendresse humaine », Marilyne Canto nous réjouit par la justesse de son regard comme cinéaste.

Hommage à Roger Darton par Christophe Bier

Roger Darton

Roger Darton dans « Les gardiennes du pénitencier »

Christophe Bier, à la très riche actualité, avec la sortie de ses deux volumes en collaboration de Jimmy Pantera d’Orgasmo (on y reviendra), et la présentation de son documentaire « Eurociné 33 Champs-Elysées » (suite logique de son ouvrage « Cinéma culte Européen : Eurociné », hélas épuisé) à la Cinémathèque le 22 mars 2013, salué dans le dernier numéro de Chronic’art, nous fait l’amitié de rendre hommage à Roger Darton.

DARTON, FANTAISISTE BELGE DANS LES MEANDRES D’EUROCINE

Cage dorée

Roger Darton dans « Des filles dans une cage dorée »

 

 

 

 

 

 

 

 

Roger Darton, fantaisiste, chanteur et comédien, homme de spectacle et directeur d’un Centre de variétés depuis 1977 dans sa ville natale de Liège, pour lequel il écrivait des opérettes, était une figure sympathique et appréciée de Liège. Il s’en est allé le 24 novembre 2012 dans l’indifférence des sites nécrologiques. La presse locale en revanche s’en était fait le vif écho puisque la ville de Liège s’apprêtait en janvier à fêter les 60 ans de carrière de ce citoyen d’honneur.

Pour ma part, je l’avais rencontré le mardi 12 juin 2012, chez lui, au 23 rue de l’Etuve, dans un appartement rempli de souvenirs, sur le bord de cheminée duquel trônait son buste, souriant. J’étais venu le filmer avec mon chef op’ Yannick Delhaye pour un documentaire consacré à Eurociné, la maison de production pour laquelle il avait le plus joué. C’était un témoin auquel je tenais beaucoup, dont j’avais toujours apprécié l’aura un peu dépressive qu’il offrait aux personnages de ces films-là. Il avait accepté de bon cœur, « pour ce brave Marius [Lesoeur] », le fondateur d’Eurociné. Darton – sur les affiches de music-hall il était souvent crédité « Darton » – avait insisté pour nous inviter à déjeuner. L’entretien fut mis en boîte ensuite. Il était très soucieux, comme beaucoup d’artistes heureux de leur carrière, de ne pas ironiser sur Eurociné, qui se prête pourtant si facilement à la dérision. De bons souvenirs donc, l’évocation des jolies filles qui peuplaient les bandes fauchées d’Eurociné, son entente remarquable avec Monica Swinn.

Né Joseph-Roger Gobiet le 25 juin 1927 à Liège, le fantaisiste avait découvert sa vocation à 14 ans, en travaillant comme chasseur au grand café Britannique, séduit par l’orchestre jouant pour les officiers allemands et les nantis qui s’engraissaient par le marché noir. Il prit alors des cours de chant, décrocha un premier contrat à 16 ans et choisit son nom de scène . En 1948, il fugua à la conquête de Paris et chantait aux entractes des cinémas de quartier de Puteaux ou d’Asnières, silhouette fragile mais voix de baryton entonnant, parfois sans micro, des goualantes réalistes. De retour en Belgique, il intégra une troupe, imitant Stan Laurel dans des sketches, chantant des opérettes en wallon, se produisant dans des revues comme Sois belge et tais-toi aux côtés de Sim et dînant avec Marlène Dietrich à la Saucisse Joyeuse de Liège, rue des Bouchers. C’était un grand copain de Brel, qui l’engagea en 1971 dans Franz. Dans les années 60/70, Darton retrouva Paris et enregistra quelques disques chez Decca, firme dans laquelle il travailla beaucoup. De tout cela, et de bien d’autres choses, Darton parle dans un livre de souvenirs : Pince-moi je rêve ! mis en forme par Jean Jour, aux éditions Dricot, à Liège. Précieux ouvrage, pas prétentieux pour un sou, enrichi d’un abondant cahier photos de 48 pages. Une plaquette plus modeste, Une route semée d’étoiles, qu’il avait éditée lui-même en 2004 pour ses 60 ans de carrière, rendait hommage à toutes les stars qu’il avait croisées.

Roger Darton dans "Elsa Fräulein SS"

Roger Darton dans « Elsa Fräulein SS »

 

 

 

 

 

 

 

Sa carrière fut entièrement vouée au music-hall. Je me souviens des deux énormes scrapbooks que Darton nous montra, remplis de coupures de presse, d’annonces de spectacles, dans les villes d’eau et les casinos de France, en Wallonie, en Europe, tours de chant innombrables. Il ne restait que peu de place pour le cinéma. Il y eut une expérience belge dès 1955, l’obscure pochade Et que ça saute, mais il faudra attendre les Seventies et son installation à Paris pour étoffer sa filmographie. Le voici enrôlé dans trois films de l’extravagant Jean Louis Van Belle : Dédé la tendresse, un polar avec Dalio resté jusqu’à présent inédit, Un tueur, un flic, ainsi soit-il… (ou La Balançoire à minouches avec des inserts hard), dans lequel il jouait l’avocat de Jean Servais, politicard véreux qui magouillait dans un trafic de drogue, et Bastos… ma sœur préfère le colt 45 (ou La Guerre des espions), comédie loufoque qui utilisait des phylactères, multipliait les jeux de mots et les gags les plus absurdes. Dans ce dernier titre, Félix Marten, Zanini et des espions internationaux achevaient leur course dans une station de ski à Avoriaz où officiait Philippe Castelli. Nanarland, le « site des mauvais films sympathiques » n’en est toujours pas revenu, rendant, sans connaître son nom, un hommage mérité à Darton, dans le rôle de deux jumeaux, dont l’un se déguisait en officier allemand : « qu’il roule des yeux, écrit le dénommé Zord de nanarland, en imitant un accent allemand de bazar (qu’il n’a d’ailleurs pas dans toutes les scènes), récite des odes à la grandeur d’une race saine ou sautille comme un dément sous prétexte que « l’instinct, c’est capital », la palette de son jeu se décline comme une sorte de mélange entre le syndrome de la Tourette et la danse de Saint-Guy. Dommage que son identité nous soit inconnue, car il transforme n’importe quelle scène dans laquelle il apparaît en une espèce de happening post-dadaïste qu’on imaginerait très bien dans un festival de théâtre de rue (…) » L’ironie est cruelle mais cela vaut mieux que mépris ou indifférence.

Dans « Les orgies de Golden Saloon »

 

 

 

 

 

 

 

 

Et enfin, Darton devint un familier d’Eurociné. Tout commença par les westerns érotico-parodiques de Gilbert Roussel. Ce fut d’abord Les Aventures galantes de Zorro, remontage d’un vieux Zorro espagnol de 1962, rafistolé par un tournage de quelques jours à Paris et Bruxelles. L’hybridation laissait songeur, malgré un Zorro masqué dans les deux métrages. Darton subissait l’épreuve des champs-contrechamps, en capitaine Pédro, convoqué dans le bureau du gouverneur du film espagnol, écoutant ses ordres proférés hors-champ, derrière un miteux mur de décor, ou chevauchant le capot d’une 2CV en faisant semblant de cavaler à cheval. Plus drôles furent Les Orgies du Golden Saloon, digérant lui aussi des morceaux entiers de La Griffe du Coyote, un Mario Caiano de 1963, par une post-synchro stupéfiante. Darton s’amusait en Sabata, habillé en noir, patron dudit saloon, forçant à la prostitution des filles kidnappées. Un autre héros masqué, Richard le Noir, entre une chevauchée dans les bois et une bataille de pâte à crêpes, faisait le ménage dans l’intrigue. Darton, avec l’orchestre de Daniel White, poussait la chansonnette du générique. « Il fallait bien faire bouillir la marmite » concédait-il dans son livre, jouant ensuite une folle tordue dans Hommes de joie pour femmes vicieuses. Arriva en 1976 le diptyque ferroviaire nazi : Train spécial pour Hitler et Elsa Fraulein SS. Darton faisait surtout, dans le second, un officier nazi ravagé de tics faciaux, dans un prologue qui n’avait aucune vocation comique ! C’était ça, le charme des productions Eurociné, dans lesquelles les acteurs un tant soit peu aguerris expérimentaient en douce. J’avais interrogé Darton au sujet de ce tic ; il m’avait expliqué qu’il avait vu un officier allemand affublé de la sorte. Pour lui, cela n’avait rien de grotesque ! « Tous ces petits films, écrit-il, ne nous enrichissaient certes pas, mais on s’amusait. On était même grugés parfois, car on nous cachait certains rushes qu’on employait pour d’autres films, profitant de notre naïveté dans un travail totalement décousu par la force du découpage d’un scénario dont on ne connaissait pas nécessairement tout. Je fus berné de la sorte dans La Cage dorée : lors d’une prise de vue, on me demanda de changer de costume entre deux scènes. Je n’en voyais pas l’utilité. Simple pourtant ; on tournait deux films en même temps ! Les cachets, eux, n’étaient évidemment pas doublés. » Cette anecdote croustillante, typique d’Eurociné, fort heureusement pour mon documentaire, il nous l’avait ressorti spontanément devant la caméra. Cela l’avait visiblement marqué ! Il faisait allusion à une journée à Soisy, dans la propriété de la famille Lesoeur. En même temps que Des filles dans une cage dorée, qui connut de multiples titres dont un incroyable Surboums pornos (musclé d’inserts hard), Marius Lesoeur tournait des scènes de Paris porno (avec Darton en prof d’érotologie). Soisy-sur-Ecole, Darton y est allé plusieurs fois, notamment pour des plans en extérieurs censés corser une Marque de Zorro, a priori jamais sorti. Monica Swinn, en zorrette, se souvient parfaitement de Darton : « Il se retrouvait à Soisy, perdu dans des raccords improbables en officier nordiste, avec des nostalgies de music-hall. Chaque fois qu’il bougeait, les épaulettes de son uniforme se détachaient. Il était malheureux. ». Mais le plus sidérant film-patchwork est ce fameux Des filles dans une cage dorée, accumulant des stock-shots entiers de Pigalle carrefour des illusions, avec des plans d’Une vierge pour Saint-Tropez et Hommes de joie pour femmes vicieuses, pour une sombre histoire, avec Jess Franco en cameo. Ce cadavre exquis, piétinant la narration, distille une ambiance déprimante dans des décors minimalistes, sans aucune tension. Darton était idéal, les yeux tombant, anti-héros désabusé, M. Winter, pitoyable proxénète fuyant l’air vicié de Hong Kong pour se laisser arrêter à Paris, à cause d’un microfilm dont on ne saura jamais rien. Il passait tout le film à mâchouiller des caramels et à en proposer aux autres protagonistes. C’était une idée de Franco, venu épauler Marius Lesoeur, un peu dépassé par son tournage. Darton nous avait confié que tout ce tournage était fort confus. Jess Franco exploita bien ce côté nonchalant de Darton, dans deux films tournés sur la côte d’Azur en 1975. Complice de Lina Romay dans Prison de femmes, qui fut classé X pour violence, il éliminait sans pitié « des individus qui ne méritaient que cela ». Quelques mois après, Darton était un gouverneur tourmenté par le voyeurisme dans le très bon Frauengefängnis, un WIP éprouvant peuplé de prisonnières torturées par des personnages visqueux, dominé par Monica Swinn, directrice de prison sadique et lesbienne, en monocle et en short ultra court. Cette bande érotique de bonne facture n’était pas un film Eurociné mais une production du zurichois Erwin C. Dietrich. Cependant, des pans entiers de Frauengefängnis seront plus tard cannibalisés par Eurociné pour le très stupéfiant Les Gardiennes du pénitencier, autre rafistolage sidérant, tant bien que mal troussé par Alain Deruelle auquel Marius Lesoeur montrait des petits bouts du film de Franco, lui affirmant qu’il était inachevé. Darton avait été réquisitionné pour de nouvelles séquences, tournées à Soisy, dans le salon du rez-de-chaussée du pavillon familial et au premier étage dont une partie avait été transformée en prison. Désormais, dans cette nouvelle histoire dont Darton était le seul acteur commun aux deux métrages (celui de Franco et celui de Deruelle, vous suivez encore ?), le comédien n’était plus gouverneur mais un ex-nazi traqué par un groupe israélien ! Tout logiquement, il s’effondrait à  la quatre-vingtième minute dans le jardin du pavillon de Soisy, exécuté par le chasseur de nazi, joué par le chef opérateur du film, Raymond Heil.

Le cinéma n’avait été qu’une étrange parenthèse dans la carrière de Darton, qui renoua avec Eurociné pour quelques séquences du Panther Squad de Pierre Chevalier, en 1984. Son activité dans la chanson l’avait aussi privé de quelques rôles dans des coproductions franco-belges qu’il avait été contraint de refuser, comme Les Granges brûlée. Une photo intrigue dans son livre de souvenirs : lui de dos derrière Louis Velle, sur le tournage de L’Intrépide de Jean Girault. Figure-t-il dans le film ? C’est à vérifier. Il y a encore une apparition muette, silhouette lointaine dans un plan volé du festival de Cannes, intégré au montage d’un porno de Claude Pierson, Pénétrations sauvages (1982) : de quoi cela peut-il bien provenir : d’un film inachevé de Van Belle, qui travailla un peu pour Pierson, de Darton filmé à son insu dans un plan documentaire, mystère ?

Roger Darton n’aura pas eu l’occasion de se voir dans ce documentaire sur Eurociné et de savoir qu’il fut apprécié à la Cinémathèque ce 22 mars 2013, où il fut projeté en avant-première, suivi de Des filles dans une cage dorée ! Une soirée mémorable au cours de laquelle quelques spectateurs néophytes furent confrontés à l’un des titres les plus extrêmes de la firme des Lesoeur.

© Christophe Bier – Texte et photos.

Roger Darton dans "La marque de Zorro"

Roger Darton dans « La marque de Zorro »

 

 

 

 

 

 

Filmographie : (établie par Christophe Bier) : 1955 : ET QU’ÇA SAUTE, de Marc Maillaraky. – 1971 : FRANZ, de Jacques Brel. – 1972 : LES AVENTURES GALANTES DE ZORRO, de William Russel [= Gilbert Roussel]. LA GUERRE DES ESPIONS / BASTOS… MA SŒUR PRÉFÈRE LE COLT 45, de Henri Boyer [= Jean-Louis Van Belle]. – DÉDÉ LA TENDRESSE, de Jean-Louis Van Belle. – 1973 : LES ORGIES DU GOLDEN SALOON / LES FILLES DU GOLDEN SALOON, de Gilbert Roussel. UN TUEUR, UN FLIC, AINSI SOIT-IL / LA BALANÇOIRE À MINOUCHES, de Jean-Louis Van Belle. – 1974 : HOMMES DE JOIE POUR FEMMES VICIEUSES, de Chantal Calvanti [= Pierre Chevalier]. – 1975 : FRAUENGEFÄNGNIS, de Jess Franco. PRISON DE FEMMES / FEMMES EN CAGE, de Rick Deconninck [= Jess Franco]. PARIS PORNO, de Jack Regis [= Marius Lesoeur]. LA MARQUE DE ZORRO, de James Gartner [= Marius Lesoeur] [remontage érotique de Zorro le vengeur de Ricardo Blasco ; Darton apparaît uniquement dans les nouvelles séquences]. SURBOUMS PORNOS / DES FILLES DANS UNE CAGE DORÉE / UNE CAGE DORÉE / RAZZIA SUR LE PLAISIR, d’A.M.F. Frank [= Marius Lesoeur]. – 1976 : TRAIN SPÉCIAL POUR HITLER / TRAIN SPÉCIAL POUR SS, de James Gartner [= Alain Payet]. ELSA FRAULEIN SS, de Mark Stern [= Patrice Rhomm]. – 1977 : LES GARDIENNES DU PÉNITENCIER, d’Allan W. Steeve [= Alain Deruelle]. – 1984 : PANTHER SQUAD / COMMANDO PANTHÈRE, de Peter Knight [= Pierre Chevalier]. – 2012 : EUROCINE 33 CHAMPS-ELYSEES, documentaire de Christophe Bier (diffusion prévue à la rentrée 2013 sur Ciné +).